Son annonce a fait sensation durant le dernier Summer Game Fest, si bien que les fans l’attendent de pied ferme. Life is Strange Double Exposure prend le pari de faire revenir sur le devant de la scène l’héroïne du premier opus : Max Caulfield. Dans une histoire totalement inédite, la jeune femme déploie de nouveaux pouvoirs pour résoudre une affaire de meurtre entourée de surnaturel. On a pu essayer les deux premiers chapitres (sur cinq en tout) d’ores-et-déjà disponibles en accès anticipé (pour celles et ceux qui ont craqué pour l’édition ultime du jeu), avant sa sortie définitive le 29 octobre 2024. Voici nos premières impressions.

Max Caulfield de retour pour mener l’enquête

Décidément, Max Caulfield n’est pas la personne la plus chanceuse qui soit. Désormais photographe émérite, elle donne des cours au sein d’une université du Vermont en tant qu’artiste résidente. Cependant, quelques semaines après son arrivée, un drame survient : une de ses proches, Safi, est assassinée alors qu’elles passaient une soirée entre amis. Aucune trace du tueur… pourtant notre héroïne est sûre et certaine qu’il ne s’agit pas d’un suicide contrairement à ce qu’avancent certains. Elle décide donc de mener sa propre enquête…

Max et Safi dans Life is Strange 4.
Safi est devenue une amie qui compte beaucoup pour Max. © AUR pour Gameblog

Il y a un plaisir certain à voir Max renfiler sa casquette d’enquêtrice amateur. On retrouve ainsi les saveurs de 2015. Mais, cette fois-ci, à qui notre héroïne pourra-t-elle se fier ? Nouvellement installée à l’université, elle apprend encore à connaître ses collègues et les étudiants. C'est une façon pratique de nous immerger d’autant mieux dans l’intrigue. On découvrirait presque l’environnement en même temps qu’elle… Dès lors, poser des questions pour se familiariser avec les lieux et les personnes paraît des plus pertinents. Deck Nine a visé juste avec cette façon de faire.

Néanmoins, un élément diffère grandement de la première expérience que nous avons eu avec Max : ses pouvoirs. Si vous avez joué au premier Life is Strange, vous vous rappelerez donc qu’elle avait acquis la capacité de remonter dans le temps après un traumatisme qui continue de la suivre des années après. Seulement, elle n’est plus en mesure de faire usage de son don… du moins jusqu’à découvrir le corps sans vie de Safi. Ce spectacle macabre déclenche en elle la capacité de glisser entre deux versions alternatives du monde. Or, dans cette autre réalité, notre héroïne découvre que tous les événements ne se sont pas passés de la même façon : Safi est toujours vivante, mais un danger plane toujours. Max doit donc faire usage de ce nouveau pouvoir pour lever le voile sur le mystérieux meurtrier qui semble rôder dans chacun des deux mondes.

Au terme des deux premiers chapitres, soit environ 5 heures de jeu, on peut dire que les pions se mettent en place sur l’échiquier. Le premier fait office de longue exposition, à la manière du début de Life is Strange True Colors. Même s’il prend son temps, il nous fait comprendre dans quel état émotionnel se trouve Max à ce moment-là et comment son caractère a évolué. Malgré une fin qui peine à convaincre totalement, on enchaîne sur un deuxième chapitre qui lance véritablement l’enquête. On aime jouer les Nancy Drew dans la peau d’une héroïne dont on connaît déjà le tempérament et dont on commence à prendre la mesure de ses pouvoirs. D’autant plus que, même si on se doute que l’histoire va prendre une direction, la conclusion donne indiscutablement envie de découvrir la suite (alors, attention aux spoilers si vous attendez au moins le 29 octobre pour découvrir le jeu).

Des Easter egg à foison

Bien sûr, ce nouveau Life is Strange n’omet pas les précédents opus. Comme annoncé par le studio, Deck Nine laisse le choix aux joueurs de définir quelle a été la fin du premier volet.  Cela ne semble pas avoir une grosse incidence sur l’ensemble, mais les dialogues et même certaines interactions s’adaptent en conséquence. C’est une belle occasion de peser les conséquences des choix opérés par Max à l’époque. On aurait bien souhaité que le jeu puise dans une sauvegarde existante de l’opus de 2015. Ainsi, le poids de nos décisions passées se serait davantage fait ressentir. Tant pis, on fera très bien sans ! À la place, on aura bien envie de relancer une partie rien que pour voir, selon le choix fait, avec qui notre protagoniste échange encore des années après son départ d’Arcadia Bay.

Ce n’est pas tout. Les fans ne bouderont pas leur plaisir avec Double Exposure. Le jeu fourmille de références au premier Life is Strange mais aussi aux autres opus, y compris les spin-offs, et plus particulièrement Before the Storm, le premier épisode sur lequel Deck Nine a travaillé. Que ce soit dans les dialogues ou dans les décors, chaque détail faisant un clin d’œil à l’univers étendu de la licence ravira celles et ceux qui ont dévoré chaque aventure.

Max saura-t-elle prenre soin des plantes dans ce Life is Strange 4 ?
Max saura-t-elle prendre soin des plantes dans cet épisode ? © AUR pour Gameblog

Le double jeu de Life is Strange 4

Ainsi, la capacité surnaturelle de notre héroïne refait surface sous une nouvelle forme, qu’on va expérimenter de deux façons selon les situations. D’abord, Max peut faire apparaître en surbrillance les « échos » de personnages et objets situés à l’endroit où elle se trouve, mais dans l’autre réalité. Cette perception va être particulièrement utile. Grâce à elle, on peut repérer la présence d’éléments qui pourraient servir d’une réalité à une autre. C'est aussi un moyen de se montrer discrète... Après tout, on est là pour mener l’enquête ! En ce sens, disparaître dans le monde opposé pour écouter des discussions de celui d’où l’on vient s’avère extrêmement pratique. Puisant directement dans le genre de l’infiltration, cette idée est bienvenue dans le contexte de Double Exposure.

Le versant de ce nouveau pouvoir est la capacité de Max à procéder à une traversée d’un monde à l’autre via des points de passage disséminés partout dans l’environnement. On ne peut donc pas franchir la frontière à n’importe quel endroit. Mais ces “ponts” sont suffisamment nombreux pour ne pas nous freiner. En somme, cet autre aspect très bien la frustration de ne plus pouvoir voyager dans le temps. Il permet tout autant de ruser et récupérer des items spécifiques ou accéder à des lieux fermés par exemple. Puisque les deux réalités sont véritablement superposées, c'est comme si on se téléportait finalement. Si une porte est close dans le monde où vous êtes, elle sera peut-être ouverte dans l’autre ; en passant dans ce dernier, on peut potentiellement accéder à des espaces qui nous sont initialement fermés dans le premier. Et à en croire ce que le deuxième chapitre nous montre, les possibilités pourraient être encore plus grandes dans la suite.

Aussi, on s’aperçoit rapidement, dès lors que Max en fait l’acquisition, que la dualité de son pouvoir est rapidement mise en application. L’une et l’autre facette fonctionnent même souvent de pair, si bien qu’une n’est pas délaissée par rapport à l’autre. C’est rassurant, dans le sens où l’une aurait pu être relativement accessoire par rapport à l’autre. Deck Nine semble ainsi avoir trouver un bon équilibre entre ses deux éléments de gameplay. Maintenant, il faut voir si cette dynamique poursuivra sur sa lancée et saura être à la hauteur des promesses.

Enfin, Life is Strange 4 ne manque pas de mécaniques plus ou moins secondaires qui rendent l’expérience plus vivante. Typiquement, Deck Nine ne se contente pas de mentionner la photographie comme une activité quelconque chez Max. À plusieurs reprises, nous sommes amenés à prendre des photos dans des situations imposées par le gameplay. On s’attend à ce que cela ait une potentielle incidence par la suite. Puis, c’est une manière intéressante de se mettre dans la peau de l’héroïne. Le jeu nous plonge aussi dans les pensées du personnage. On retrouve ses traditionnels commentaires sur l'environnement ou pendant ses phases introspectives. Toutefois, nous pouvons aussi façonner un peu son caractère. En effet, les options de dialogue sont plus importantes que dans les précédents opus. Nous sommes ainsi plus souvent sollicités dans les interactions. Mais, là encore, c’est sur la durée que nous verrons à quel point nos choix auront des conséquences.

Life is Strange 4 permet de prendre des photos dans le gameplay.
Le gameplay de Life is Strange 4 donne l'occasion de prenre des photos en tant que Max. © AUR pour Gameblog

Une technique à double tranchant dans Life is Strange 4

À la sortie du dernier Life is Strange, les fans se sont confrontés à tout un tas de bugs qui, heureusement, ont pu être corrigés à grand renfort de patchs dans les mois qui ont suivi. Dès lors, on appréhende d’autant plus la sortie de Double Exposure. Et si, dans l’ensemble, les deux premiers chapitres devraient donner lieu à un early access plutôt serein, Deck Nine peine toujours à fournir un résultat nickel.

De fait, pas de pose T à reprocher dans cette mise en bouche, mais quelques bugs d’affichage qu’on pourrait ne jamais voir résolu. Dans le fond, ça tient du détail. Mais, c’est regrettable de constater que jeu après jeu, donc de Before the Storm à True Colors jusqu’à ce nouvel opus, le studio n’arrive toujours pas à proposer des transitions sans accroc d’une scène à une autre. Régulièrement, un élément va apparaître à l’écran après le lancement de la cinématique. Rien de gênant dans le fond, en dehors du sentiment que Deck Nine ne parvient pas à huiler des aspects techniques plus fragiles qui se retrouvent dans chaque opus.

Par ailleurs, d’autres détails pourraient bien obtenir un coup de polish prochainement. Si Max est soigneusement modélisée, on constate rapidement qu’elle a profité de plus d’attention que les autres personnages, a fortiori des PNJ plus que secondaires dans l’intrigue. On notera aussi un rendu étrange des mains. Elles semblent souvent un poil trop grandes ou articulées de façon trop élastique. Ce rendu inégal pique quand on s'en aperçoit. Alors, on espère que Deck Nine proposera un patch avant la sortie définitive de Life is Strange 4.

On croise tout un tas de personnages avec qui discuter dans "Life is Strange 4 : Double Exposure".
Certains PNJ donnent l'impression de sortir des Sims... © AUR pour Gameblog

Enfin, on notera que, pour la deuxième fois, un jeu Life is Strange dispose d’une VF. Ainsi, on entend Max Caulfield en français pour la première fois. Ce peut être un peu déroutant au départ compte tenu de la personnalité très marquée d’Hannah Telle, que nous retrouvons évidemment en VO. Il faut donc un peu de temps pour s’habituer. En plus, ce doublage n’est pas toujours des plus spontanés, mais ça fonctionne dans l'ensemble. Voilà qui donnera l’opportunité à plus de monde encore de plonger dans cette enquête surnaturelle.

On l’attend… avec doublement plus d’impatience maintenant qu’on l’a essayé

Ce Life is Strange 4: Double Exposure commence doucement par mettre en place chaque élément. On aurait aimé retrouver des fins de chapitres aussi percutantes que dans les deux premiers opus. Toutefois, la fin du deuxième donne relativement confiance dans la suite. Qui plus est, le gameplay s’inscrit dans la continuité de la licence. Il regagne même en dynamisme après le troisième opus. De surcroît, tout le potentiel ne semble pas encore avoir été dévoilé. On attend donc Deck Nine au tournant, en espérant que les derniers chapitres seront à la hauteur des promesses. En tout cas, au terme de ces premières heures de jeu, le studio est déjà parvenu à donner envie d’aller au bout de l’enquête. On meurt déjà d'envie de découvrir le secret derrière la mort de Safi et le nouveau pouvoir de Max.